Introduction au Projet Looppark
Le projet Looppark, situé à Bissen dans le “Campus Automotive”, incarne une nouvelle ère dans la construction durable et circulaire, offrant un modèle de flexibilité et d’efficience architecturale qui répond aux besoins contemporains et futurs de mobilitédans d’espace urbain. Les concepts clés seront expliqués, tout en mettant en lumière les innovations et la valeur ajoutée du projet, particulièrement à travers sa démontabilité et sa remontabilité certifié par l’indice de démontabilité.
Le Looppark se distingue par son approche révolutionnaire de la construction. Imaginé non seulement comme un espace de stationnement, mais aussi comme une vitrine de la transformabilité, ce projet dépasse les conventions classiques. Sa structure principale, conçue pour être entièrement démontable, propose une vision où chaque composant, des colonnes en acier aux dalles en béton, peut être réassemblé ou réutilisé, éliminant la quasi-totalité des déchets générés, à la fin du premier cycle d’usage.
L’équipe qui a conçu et construit ce projet Looppark est composée des architectes Rau et ABA Workshop, Bureau statique PlanB, Bureau technique EnTec, Bureau de Project management PROgroup, ainsi que des entreprises Jans, Astron et Briand. L’inventaire des matériaux et les calculs de démontabilité ont été réalisé par PROgroup et le bureau +ImpaKT.
Figure 1 : le concept du parking modulaire
Figure 2 : Le parking Looppark
L’inventaire des matériaux
L’inventaire des matériaux du projet parking Looppark, réalisé via la plateforme Madaster, représente une avancée significative vers la concrétisation des principes de l’économie circulaire dans le secteur de la construction. Madaster, en tant que “cadastre des matériaux”, permet de documenter chaque composant utilisé dans la construction du parking, offrant ainsi une vue d’ensemble claire et accessible des ressources mobilisées. Ce cadastre des matériaux permet de quantifier ceux qui sont conçus pour la réutilisation ou le recyclage en fin du cycle d’usage, tout en assurant leur traçabilité. L’outil Madaster propose également différentes possibilités pour visualiser les résultats de l’inventaire des matériaux dont l’une d’elles est le regroupement des matériaux par couche de bâtiment ou « shearing layers » tel que défini par Stewart Brand[1] (voir Figure 3).
Figure 3 : Visualisation des résultats de l’inventaire des matériaux dans Madaster suivant les couches du bâtiment (shearing layers)
Dans le cas du Looppark, l’utilisation de la plateforme Madaster pour enregistrer les matériaux et composants joue un rôle crucial dans le calcul de l’indice de démontabilité du projet. Cette documentation numérique assure la traçabilité des matériaux et facilite la planification du désassemblage en fin de vie.
L’Indice de Démontabilité : Une Nouvelle Métrique pour l’Architecture Durable
L’indice de démontabilité/détachabilité appelé aussi potentiel de désassemblage d’un objet est le degré auquel celui-ci peut être détaché de son milieu sans compromettre sa fonction ou celle des objets environnants. Le calcul d’indice de démontabilité du projet Looppark se base sur la méthodologie développée par le Dutch Green Building Council, qui s’articule autour d’une évaluation systématique et détaillée des composants du projet, et de leur facilité à être désassemblés sans dommages, en vue de leur réutilisation ou recyclage. Cette approche s’inscrit pleinement dans les principes de l’économie circulaire, qui visent à maximiser la valeur des matériaux sur l’ensemble de leur cycle d’usage.
- Analyse des Composants et Connexions : Chacun des éléments constitutifs du bâtiment parking (poteaux, solives, traverses en acier, dalles préfabriquées en béton etc.) est examiné pour déterminer sa facilité à être désassemblé. Les liaisons entre les composants (voir Figure 4), telles que les connexions boulonnées, sont particulièrement scrutées pour évaluer leur capacité à être démontées.
- Évaluation du Potentiel de Désassemblage : Pour chaque composant, un potentiel de désassemblage est calculé. Ce potentiel prend en compte la nature de la connexion (par exemple : sèche, boulonnée, soudée, collée etc.) et l’accessibilité de celle-ci pour le démontage. Les connexions sèches, c’est-à-dire non-fixées (voir Figure 5) ainsi que les connexions boulonnées, offrent un potentiel de désassemblage élevé grâce à leur facilité de démontage sans dommages. Enfin, l’indice global de démontabilité du bâtiment est calculé en agrégeant le potentiel de désassemblage de tous les composants, pondérés par leur part en masse respective.
Figure 4. Liaisons entre les composants du projet Looppark
Figure 5. Emplacement d’une dalle posée (connexion sèche)
Deux exemples concrets démontrent l’efficacité de cette approche : les dalles clavetées et les dalles posées. Les premières, nécessitant un processus de carottage pour le retrait des goujons, présentent un indice de démontabilité de 62%, tandis que les secondes atteignent un score de 94%, grâce à une conception qui simplifie grandement leur démontage. Ces exemples soulignent l’importance d’une planification minutieuse et d’une conception innovante pour la réalisation d’ouvrages démontables et circulaires.
Conclusion : Inspirer le Secteur de la Construction
Le Looppark transcende la notion traditionnelle d’un parking pour devenir un modèle de développement durable et un exemple inspirant pour l’ensemble du secteur de la construction. En plaçant la modularité, la réutilisation des composants et l’efficience au cœur de sa conception, ce projet démontre qu’il est possible de concilier les impératifs écologiques avec les besoins de mobilité. L’indice de démontabilité, en particulier, se révèle être un outil précieux pour orienter les choix de conception et de construction vers des pratiques plus responsables et respectueuses de notre environnement. Le Looppark nous invite à repenser les cycles de vie de nos constructions et à envisager un avenir où chaque bâtiment est conçu avec la perspective de son démontage et de la réutilisation de ses composants.
[1] Brand, Stewart. 1994, « How Buildings Learn ».